Bout de bois

Il est fréquent que nous discutions de la qualité du bois dont sont faits nos canots et de la qualité du bois recherchée pour des restaurations. Pièces de structure (quille, étrave, étambot et membrures) et bordage sous la flottaison des misainiers sont en général en chêne.

 

Il semble que le plus souvent du chêne vert frais a été utilisé (et continue à l’être), ce qui facilite sa mise en œuvre, tandis que certaines virures passent par l’étuve pour aider à la mise en place.

 

 

Un article paru dans une revue néerlandaise (Spiegel der Zeilvaart) traite d’un charpentier qui était actif dans la deuxième moitié du 19e siècle et qui fabriquait des bateaux de pêche, des bateaux de charge et des bateaux de plaisance, naviguant aussi bien en eau salée qu ’en eau douce ou saumâtre. Plusieurs de ses constructions achevées aux alentours de 1890 naviguent toujours. Une partie de l’article concerne la préparation et l’utilisation du chêne. 

 

Pour les amateurs (Traduction libre) :

Le charpentier allait chercher ses chênes sur pied. Il se servait de deux espèces :

Le chêne d’été, arbre solitaire, se développant en largeur, produisant du bois tord pour les membrures, varangues etc. On disait que cet arbre poussait « en suivant le soleil », se vrillait donc en quelque sorte autour d’elle même).

 

Le chêne d’hiver, poussant dans des bois, tout en hauteur, produisant du bois pour les virures. Les chênes étaient abattus en hiver. Quelques années avant l’abattage, l’écorce juste au-dessus du pied avait été enlevée, ayant comme résultat d’empêcher la montée de sève et l’arbre mourait « sur pied ». À défaut, une fois abattu, le tronc devrait passer au moins une année dans l’eau (de préférence avec un peu de courant) afin d’évacuer totalement toute trace de « suc ».

 

Dans le cas où il resterait de la « nourriture » dans l’arbre, le bois sera sans doute plus sensible à la pourriture par des champignons et à des attaques par toutes sortes de vers.

 

Aujourd’hui, la purification par l’eau est devenue rare et I’on tente de limiter les dégâts qui en résultent par l’application d’époxy, véritable blasphème pour les puristes.

 

Les virures étaient mises en forme, pliées en les chauffant de l’intérieur (bottes de paille) et en les mouillant de l’extérieur, en veillant de ne pas trop brûler la partie chauffée.

 

De nos jours, ce procédé est souvent remplacé par l’étuvage. Or, il se trouve qu’une virure mise en forme à la flamme acquiert une force constructive supplémentaire et est par conséquent plus résistante à l’infiltration de l’eau. Une virure de bonne qualité, proprement brûlée, tiendra 50 ou 100 ans.

 

Fin de traduction

 

 

Un texte de Robert Kers Atao que nous remercions - paru dans le revue La Misaine n°26 - janvier 2003